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Audition du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau par le groupe d'études Forêt et Filière bois

En avril, au sein du Groupe d'étude Forêt et filière bois de l'Assemblée nationale, nous avons auditionné Monsieur Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. 

À cette occasion, j'ai pu rappeler la gravité de la situation sanitaire de nos forêts vosgiennes. Ma circonscription, qui s'étend sur les pentes du versant est des Vosges, comprend principalement des résineux, notamment des épicéas. Les effets du changement climatique sont plus que palpables, car certains de ces boisements, selon leur exposition et la qualité des sols, sont en voie de dépérissement massif. Des zones entières de forêts sont en train de mourir sur pied. 

Cette situation va nous obliger à agir, mais pas en optant pour des coupes rases. J'ai souligné que le principe de la coupe rase n'existe plus dans les pratiques sylvicoles qui touchent les Vosges. Sur notre territoire, où 75% du territoire forestier relève de la forêt publique généralement confiée à l'ONF, une politique de gestion forestière mixte et régénératrice est menée. Il ne s'agit plus de coupes à blanc, mais de coupes choisies pour favoriser un renouvellement progressif et régénératif. 

Malheureusement, nous serons désormais contraints, dans l'urgence, de retirer massivement des arbres destinés à pourrir. Il est impératif d'extraire ces arbres malades qui n'ont pas résisté au phénomène de stress hydrique, exacerbé par le dérèglement climatique et les attaques parasitaires. 

Il sera nécessaire de mener une œuvre pédagogique pour expliquer à nos concitoyens que lorsque des forêts sont abattues, il s'agit de coupes sanitaires, et non pas d'un choix sylvicole, visant à favoriser la régénération des arbres. 

Cependant, dans certains cas, j'ai proposé, notamment en ayant l'oreille du ministre, de réfléchir à la reconversion de ces forêts en déperdition, qui émettent nettement du carbone, en espaces de résilience. Dans l'est de la France, les pâturages en moyenne et haute altitude ainsi que les prairies permanentes pourraient être des alternatives intéressantes. En effet, le stress hydrique n'affecte pas ces prairies avec la même sévérité que les forêts. 

Nous pourrions ainsi avoir un double impact positif : créer une nouvelle réserve de carbone et proposer aux agriculteurs d'altitude, qui constituent la richesse fondamentale de nos milieux de moyenne montagne, une source de fourrage alternative, réduisant ainsi leur dépendance aux aliments pour leur troupeau et leurs élevages. Cela permettrait également de limiter la circulation de poids lourds transportant du fourrage depuis la plaine, et ainsi de gagner sur tous les fronts. 

Enfin, j'ai souligné que ce paysage mosaïque de forêts entremêlées à des milieux ouverts, tel qu'il était représenté dans les photographies de la première moitié du XXe siècle, abrite une biodiversité très riche. En envisageant l'avenir de cette manière, nous gagnerions sur tous les plans. Il est crucial de prendre cette direction en compte pour l'avenir.